Y.Y. Brandon Chen is faculty at the University of Ottawa in the Common Law section of the Faculty of the Law. Emilie Azevedo sat down with Professor Chen to talk about gaps in the healthcare Canada offers immigrants and refugees, and how the law might be used in working to address them.
Feb 2021
We’d like to think that Canada has a universal healthcare system. Common Law Professor Yin Yuan (Y.Y.) Chen studies how this is not exactly the case. In fact, many people who live in Canada would not be considered residents for the purpose of publicly funded healthcare.
Professor Chen researches the legal, policy and ethical aspects of international migration and health, specifically migrant rights to healthcare. By comparison with how other countries deal with these issues, he identifies gaps in the way services are delivered in Canada.
For example, international students who attend universities in Ontario are required to subscribe and pay into a program called University Health Insurance Plan (UHIP). Such privately paid insurance can be challenging. Users must pay premiums for specific services. Oftentimes they are required to pay out of pocket before being reimbursed. Private insurance companies can also deny services to people with preexisting conditions.
That being said, there are different kinds of migrants, and their experiences with healthcare are not all the same. Asylum seekers—those who have fled their home countries to avoid persecution or harm—have their own healthcare program funded by the federal government called the Interim Federal Health Program (IFHP). But even this doesn’t come without its problems. For example, when patients try to use their federal coverage, either at the pharmacy or a doctor’s office, it is not uncommon for their insurance to be denied because some healthcare providers are not aware of or do not recognize the IFHP, leaving them out of pocket for their healthcare costs. This burden can be especially untenable for asylum seekers, who are so often in tremendously precarious positions.
Professor Chen seeks to know, as a society, what our normative stance toward migrants accessing healthcare is. He also dives into deeper questions: “Is it legitimate for a government to deny healthcare to a certain group of people based on their immigration status?” And, “If we don't provide healthcare to those people, what may be the implications on public health?” This last question is especially relevant during a pandemic.
Assuming we can agree that some people are entitled to healthcare but excluded from the system, Chen explores legal solutions that might be used to bring a change in policy, whether it be the Canadian Charter of Rights and Freedoms or other avenues for litigation.
Professor Chen has witnessed positive outcomes from advocacy efforts that he is part of. Notably, by having regular conversations with Immigration, Refugees and Citizenship Canada, Chen and his colleagues have seen the government expand or change some of the policies related to the IFHP. For instance, in recent years the IFHP expanded the range of mental health service providers that it covers to include social workers, relieving a bottleneck that had existed up to then.
In the future, Chen would like to see greater appreciation in our policymaking for migrants as residents. “We should look beyond the legal labels that people have in terms of their status and maybe see how long they have lived here, what kind of social networks they have built here, and what kind of work they have been engaged in,” says Chen. In his opinion, using these types of markers would be “an ideal way to figure out who should get healthcare and ensure that all people who truly reside in Canada are provided healthcare”.
Professor Chen has been teaching at the University of Ottawa since 2016. One of the most rewarding aspects of his job is being able to interact and problem-solve with his students. Through his research he has had the opportunity to interview a variety of people. Many of the nurses, doctors and other healthcare professionals he has spoken to are passionate about providing healthcare to all patients, regardless of insurance status. It’s this kind of human interaction that drives him at the end of the day.
On the other hand, this kind of work can feel like shouting into the abyss. Professor Chen and his colleagues don't always see the outcomes of their work right away. They are constantly crafting new ways to deliver their research and proposals for reform so that they can receive more buy-in from the government and from society at large. But as Y.Y. says, “What’s life like without a challenge?”
Y.Y. Brandon Chen est professeur à l'Université d'Ottawa dans la section de Common Law de la faculté de droit. Emilie Azevedo a rencontré le professeur Chen pour parler des lacunes dans les soins de santé que le Canada offre aux immigrants et aux réfugiés, et de la manière dont le droit pourrait être utilisé pour y remédier.
2021-02-04
On aime croire que le Canada possède un système universel de soins de santé. Dans ses recherches, le professeur de common law Yin Yuan (Y.Y.) Chen démontre toutefois que ce n’est pas tout à fait le cas. Dans les faits, de nombreuses personnes vivant au Canada ne sont pas considérées comme « résidentes » aux yeux du système de santé publique.
Le professeur Chen s’intéresse aux aspects juridiques, politiques et éthiques de la migration internationale et de la santé, et tout particulièrement aux droits des migrants en matière de santé. En comparant notre approche à celles d’autres pays, il a décelé des lacunes dans la prestation des services au Canada.
Prenons par exemple les étudiantes et étudiants internationaux qui, dans les universités ontariennes, sont tenus d’adhérer et de cotiser au Régime d’assurance maladie universitaire (RAMU). Ce type de régime d’assurance privée peut poser problème. Les bénéficiaires doivent verser des primes pour recevoir certains services. Ils doivent aussi souvent payer de leur poche avant de recevoir un remboursement. Les compagnies privées peuvent quant à elles refuser d’assurer certaines personnes ayant des affections préexistantes.
Cela dit, l’expérience qu’ont les personnes migrantes du système de santé varie en fonction de leur statut. Les demandeurs d’asile – les personnes qui ont fui leur pays d’origine par crainte de persécution ou de préjudice – ont accès à un régime distinct appelé Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI). Ce programme n’est pas sans comporter lui aussi sa part de problèmes. Par exemple, comme certains fournisseurs de soins de santé ignorent l’existence du programme fédéral ou ne le reconnaissent pas, il n’est pas rare que les personnes qui tentent d’y faire appel à la pharmacie ou chez le médecin aient à payer de leur poche. Ce fardeau accable particulièrement les demandeurs d’asile, qui se trouvent souvent en position extrêmement précaire.
Le professeur Chen s’attache à comprendre la position normative de notre société quant à l’accès des migrants aux soins de santé. Il cherche aussi réponse à de grandes questions : Un gouvernement peut-il légitimement refuser des soins de santé à un groupe de personnes en raison de leur statut d’immigration? Et si l’on ne les soigne pas, quelles seront les répercussions sur la santé publique? Cette dernière question s’avère particulièrement pertinente en contexte de pandémie.
À supposer que l’on s’entende sur le fait que certaines personnes ont droit aux soins de santé tout en étant exclues du système, le professeur explore les solutions juridiques – qu’il s’agisse de la Charte canadienne des droits et libertés ou d’actions en justice – pouvant être mises de l’avant pour faire bouger les choses.
Le professeur Chen constate que les efforts de défense des droits dont il fait partie font leur chemin. En discutant régulièrement avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, le professeur et ses collègues ont notamment constaté que certaines politiques concernant le PFSI ont été modifiées ou élargies. Le programme a notamment été amendé il y a quelques années pour incorporer les travailleurs sociaux à la liste des fournisseurs de services de santé mentale, omission qui créait jusque-là un engorgement.
À long terme, le professeur aimerait que nos politiques perçoivent davantage les migrants à titre de résidents. « Il faudrait voir au-delà du statut juridique attribué aux gens et s’intéresser au temps écoulé depuis leur arrivée, aux réseaux sociaux qu’ils se sont bâtis ici et au type de travail qu’ils occupent », avance-t-il. À son avis, ce type d’indicateur serait « la façon idéale de déterminer qui devrait bénéficier du système de soins de santé et de s’assurer que toutes les personnes qui résident réellement au Canada aient bien accès aux soins. »
Le professeur Chen enseigne à l’Université d’Ottawa depuis 2016. Il estime que ses interactions avec ses étudiantes et étudiants et la possibilité de collaborer avec eux à la résolution de problèmes comptent parmi les facettes les plus gratifiantes de son travail. Ses recherches l’ont aussi amené à interviewer toutes sortes de personnes. Bon nombre du personnel infirmer, des médecins et autres professionnels de la santé avec qui il s’est entretenu ont réellement à cœur de soigner tous leurs patients, qu’ils soient assurés ou non. C’est le côté humain de ces interactions qui le stimule avant tout.
Or, ce type de travail donne parfois l’impression de remuer ciel et terre en vain. Ses collègues et lui ne peuvent pas toujours constater les retombées de leurs efforts dans l’immédiat. Ils cherchent constamment de nouvelles façons de faire valoir leur recherche et leurs propositions de réforme pour y faire adhérer le gouvernement et la société dans son ensemble. Mais comme le dit si bien Y.Y. Chen, « que serait la vie sans défi? »